Le marché de Dantokpa |
Installé
sur dix hectares, Dantokpa est fréquenté aussi bien par les béninois que les
ressortissants de toute la région de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique
centrale et de l’Afrique du sud.
Des
financiers évaluent à au moins un milliard de francs CFA le chiffre d’affaire
réalisé par jour dans ce marché.
Pour
un chiffre d’affaire d’environ 500 milliards par an, Dantokpa à lui seul peut
faire deux, trois voire quatre fois le ‘’budget
réel’’ de l’Etat béninois.
C’est
pourtant ce milliardaire qui végète dans un environnement malsain.
Avec
à peine 20 toilettes et cinq point d’eau pour près de 250 000 personnes
environ par jour, 12 500 personnes par latrine, 50 000 personnes par
point d’eau, le marché international de Dantokpa, l’un des plus grand marchés
de l’Afrique de l’Ouest, croupit sous un tas d’immondices.
L’eau
qui suinte la conduite d’eau de pluie présente un visage verdâtre, pas question
de passer sans pincer le nez.
Dans
une baraque, un agent de la SOGEMA (Société de Gestion des Marchés Autonomes)
délivre des tickets. Sur ces bouts de papier, on peut lire ‘’W- C : 25 F, usage
unique’’. Le besoin est là et presse des usagers obligés de garder leurs
narines.
A
quelques mètres de là, des puisards qui dégagent des odeurs nauséabondes,
depuis des mois, les latrines n’ont pas été vidées.
latrines de fortune sur pilotis |
Des
vendeuses de nourritures installées le long de la rive, cohabitent avec les
mouches qui de temps en temps font la navette entre les latrines de fortune bâties
sur pilotis, et les étals.
Nous
sommes avec les vendeuses de poissons qui vantent leurs produits. Derrière
elles, le grand égout à ciel ouvert du CEG Dantokpa.
Le
long cet égout où sont jetés pèle- mêle des ordures, les eaux usagées, les
boites de conserve, des restes d’aliments, des tomates pourris et des sachets
noirs contenant je ne sais quoi c’est le quartier général des vendeuses de
tomates.
Nous
nous approchons de la lagune, un premier bac à ordures, un second, un troisième
puis un quatrième. Tous vides ! A peine avons-nous soulevé la tête que le
spectacle d’enfants installés entrant de se mettre à l’aise nous accueille.
Des
femmes écartent les jambes, remontent leurs pagnes et arrosent à volonté les
tas d’ordures.
Du
point de vue déchets, à peine la moitié est ramassée par la société en charge
de ce marché. Le reste est jeté, soit au bord de la lagune pour ne pas dire
dans la lagune, soit dans les caniveaux qui sont prévu pour servir à
l’écoulement des eaux de pluie ou encore enterré dans des hangars.
Pour
prélever les taxes ils sont champions. Mais ils sont incapables d’entretenir le
marché et pour le ramassage des ordures c’est un véritable scandale !
Quand ils ont envie de jouer à un simulacre de ramassage, c’est en plein jour,
accuse un usager du marché.
Nous
n’avons pas les moyens matériels et humains pour accomplir convenablement notre
travail, oppose un agent de la société de gestion.
En
vérité, ce sont les usagers eux- mêmes qui participent à la pollution de leur
milieu de travail et pourtant la majorité c’est des femmes et je me demande
comment elles entretiennent leurs maisons. Des excréments dans des sachets, de
l’urine sur les voies pavées, certaines parmi elles profitent des moments où la
clientèle se fait rare pour se soulager derrière leurs étals, déplore Kakpo
Euloge, un environnementaliste.
Entant
qu’usagers, ils ont l’obligation d’entretenir les lieux d’exercice de leurs
activités et d’acheminer les ordures vers les dépotoirs. Il faut les associer
pour le bon fonctionnement de ce grand marché en particulier et de tous les
marchés du Bénin en général.
Les
usagers ne se rendent pas compte que pour un corps sain, il faut un
environnement sain.
Sous
la révolution, la campagne de salubrité mobilisait toutes les femmes le samedi.
Cette solution lorsque vous l’évoquez aujourd’hui, on vous traite d’homme d’une
époque révolue.
Le
mal est pourtant là et de peur d’être traité de dictateur, personne ne veut
prendre de décision.
Lorsque
vous parlez de salubrité, l’on vous répond : « Nous sommes en
démocratie » ;
La
démocratie c’est l’insalubrité ?, s’indigne Aboudou Djossou, vice
président de l’Adees (l’Association pour la défense de l’environnement
écologique et social).
Et
pourtant il faut que les autorités réagissent un jour!
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