L’Orpaillage à la sauvette prive le Bénin de précieuses ressources



Matériaux d'extraction d'or
Quelques paillettes d'or












Les habitants du village de KOUATERNA se sont mobilisés pour extraire l’or au vu et au su de tout le monde.
Le  Bénin traditionnellement n’était pas pressenti comme un pays minier, mais vu sa morphologie et son positionnement par rapport aux autres pays de la sous région, il est clair que le sous sol d’un pays comme le nôtre ne saurait être dépourvu de ressources minières.
Le début de l’exploitation de l’or dans l’Atacora pendant la période coloniale est venue conforter notre assertion.
Le projet soviétique des années 70 avec sa carte zoologique de la région de l’Atacora a fait une prospection générale sur plusieurs minéralisations.
Roger Koura ingénieur des mines nous confirme: « Nous avons du fer, du phosphate, des pierres ornementales et beaucoup d’autres matériaux de construction et dans l’Atacora, la première ressource certaine que nous avons c’est l’or. » 
Avant d’ajouter : « Nous avons deux catégories d’or: l’or filonien qui est issu du filon minéralisé cet or est souvent un peut plus sale à cause des débris de roche qu’il contient et l’or alluvionnaire qu’on trouve dans les alluvions au abord en général des rivières ou dans les nids des vieilles rivières. »
Intéressons nous un peu aux rivières
Roger Koura : « la rivière Sinaissiré située à une trentaine de kilomètres de Natitingou vers Djougou est alluvionnaire et dans les alluvions de cette rivière, il ya suffisamment d’or qui est exploité et la réserve était estimées à une tonne.
Au niveau de Kouandé, dans la zone de Nienbéré au nord Est à une trentaine de kilomètre de Kouandé donc prêt 80 km de Natitingou là bas c’est des filons mais la prospection n’est encore complète à ce niveau.
Il y a la Sarga dans la zone de Tandafa après Kouarfa au nord de Natitingou à une cinquantaine de km cette rivière contient à peu près une tonne d’or.
Il y a l’or de Perma dont on nous a souvent parlé à environ 30 kilomètres de Natitingou dans le village de Kouaterna. »
Dans ce village sur les berges de la rivière Perma, l’exploitation a eu lieue pendant les temps coloniaux et ce pendant une vingtaine d’années de 39 à 59, sur près de 4 km et la main d’œuvre était purement indigène. »
AZIZ orpailleur autorisé, Vêtu de tee-shirt bleu, un collier en or au cou : « C’est des véhicules qui transportaient nos aïeux pour les amener  sur les lieux.
Ils ont même fait des rails, des voies ‘’Pierrée’’…ou bien on ne peut pas dire ‘’Pier roi’’ c’est ’’ pierrée’’ c’est des pierres qu’ils ont placé et il y a des rigoles, donc toi qui transportes le sable tu marches mal tu es parti et personne ne descend.
Toi qui veux dire on te met fouet et tu continues. Depuis le temps des colons je ne connais pas l’année c’est mos aïeux ! 
Moi je peux montrer où non grand papa est décédé ici dans ce marigot là.
 Maintenant  son petit frère c’est par là lui il est sorti, il est rentré.
 Ils étaient deux dedans maintenant ils ont gardé le petit frère et c’est lui qui faisait les paniers que les hommes utilisaient  pour prendre du sable. »

Roger Koura ingénieur des mines : «  La quantité d’or était exprimée à 1 tonne d’or et servait à l’approvisionnement de la deuxième guerre mondiale. Ces bâtiments coloniaux datent des années 1940.
AZIZ nous explique dans un ton presque agressif : « Les magasins qu’ils ont construit ici ça vaut quoi aux gouvernements ?vous pouvez mètre un sac de maïs ici ? »
Paul Koukoubou orpailleur autorisé : « OBEMINE (Office Béninoise des Mines) est venu pour la recherche et l’exploitation, il a eu un autre groupe qui a travaillé pendant 4 ans, les Soviétique sont venus en 78 et ils ont fait 7 ans. »
Roger Koura ingénieur des mines: « l’exploitation à petit échelle a commencé en 2001 par la société ORACLE avec un gérant de nationalité Américaine qui a travaillé jusqu’en 2005.
A partir de 2005, la société ORACLE a changé de gérant, un Russe.
Au fil des ans, le matériel vieillissant, l’entretien ne suivant pas, la production a commencé par baissée progressivement jusqu’en 2009 où les machines ne répondaient plus.
Ils ont alors suspendu la production et ont continué la recherche jusqu’à mai 2010 après quoi ils sont rentré avec la promesse de revenir avec de nouveaux équipements.
Dès cet instant, les habitants du village ont pris la relève.
Pour les habitants se KOUATERNA, le trafic des ressources en or de leur village est une chance de survie pour eux.

Aziz : « Quand le ciel est clément et donne une richesse au sous sol d’un village ça doit profiter à ce village ! 
Ces étrangers ils nous doivent de l’argent, ils ont vendu leurs machines en détails.
 « Nous ne gagnons rien, tout ce que vous voyez c’est du glanage ! Tout ça là a été déjà exploité mais on ne peut pas rester affamer ; c’est pour ça on est dedans. »
Alidou un autre chef d’équipe : « comme vous nous avez vu là c’est ce qu’on appelle décapage.
Après le décapage, on atteint à un niveau qu’on dit gravier et le gravier là ne peut pas s’enlever sans un autre bras valide. Donc il faut maintenant chercher les jobistes, donc tu cherches les gens qui vont aider à enlever le gravier là.
Quand vous finissez d’enlever, soit tu les paies par jour, soit quand ils vont enlever pour toi la journée, la soirée ils vont enlever pour eux- mêmes et ainsi de suite.
C’est ce que nous faisons avant que la place qu’on a pu décapé ne finisse. »
AZIZ : « Au début le trou ne dépassait pas deux mètres carrés, comme un WC quoi !
Nous pénétrons dedans, on n’avait pas de moto pompe, nous vidons l’eau avec des bassines. A 5 minutes tu vois les gendarmes et c’est la débâcle. Avec le temps, nous avons pu nous acheter des motos pompes.»
Il y a deux groupes : ceux qui sont organisés en groupement et ceux qui sont titulaires d’autorisation d’exploitation du ministre.
Ils font des formalités avec des conditions légères pour les miniers avec une délimitation de 1 demi hectare de superficie d’exploitation. »
Premier indice d’anomalie, cela a favorisé un vaste marché clandestin qui fait fi des frontières et court- circuit l’espoir de tout le peuple béninois de tirer parti de leurs ressources en or.
Des trous par-ci, des têtes à peine visible par-là, de l’autre côté des sceaux qui passent de mains en mains des jeunes disposés en fil indien ; Un véritable désastre écologique.
A peine nous avons traversé le fleuve Perma qui sépare le chantier de la seule route du village et voilà les femmes disposées le long du fleuve Perma entrain d’extraire les cristaux d’or.
Un peu plus loin la grotte creusée dans le ventre de la montagne appelée le trou de la mort  à cause des risques d’éboulement.
C’est dans la profondeur de ce trou de la mort que les jeunes vont chercher le sable contenant les cristaux d’or.
Du petit matin au soir, les femmes sont occupées à concasser la pierre, à les réduire en poussière, à les tamiser.
Une véritable usine à ciel ouvert pour quelques cristaux d’or.

‘’Le trou qui tue’’

Cite d'extraction d'or de Kouaterna
                       

Roger Koura ingénieur des mines : « D’une manière générale, l’exploitation minière agresse la nature dans la mesure où vous devez enlever les herbes, abattre les arbres, creuser le sol pour extraire en son sein le minéral qui vous intéresse.
Normalement, il faut reconstituer le cite une fois le travail d’extraction fini, mais malheureusement ce n’est plus le cas à Kouaterna.
Au moment ou  la société ORACLE avait la gestion du cite, cela se faisait et même des anacardiers étaient plantés pour la reconstitution du sol.
Les exploitants illégaux qui se trouvent un peu partout sur le territoire de l’Atocora, travaillent sans autorisation.
Ce qui importe pour eux c’est de tirer l’or, les trous ils les laissent ouvert ce qui représente un danger et pour les animaux et pour les hommes.
Lorsque les gens faisaient des évacuations musclées il y a eu beaucoup d’orpailleurs qui ont péris dans cette situation là c’est en courant qu’ils tombent dans les trous. »

‘’Là où se trouve votre richesse, là se trouve votre cœur’’

Carte minière de la région de l'Atacora
  Martin Coffi Kessou Commandant de la brigade Spéciale de la gendarmerie de Kouaterna: « C’est de la richesse mais elle appartient à qui ?
C’est à l’état, est ce que l’état doit permettre à tout le monde d’exploiter anarchiquement ce patrimoine ! Non l’état a voulu mettre un garde fou qu’est la gendarmerie pour sauvegarder cette richesse nationale à Kopargo, à Birni, à Kouaterna.
 Nous n’avons pas les ressources en hommes ni en matérielles pour répondre promptement à cette mission qui nous est confiée.
Le travail se fait par renseignements et suite à cela, nous agissons. »
Aziz : « Au début, on faisait le travail nous même, le temps a eu raison de nous. Nous sommes obligés de confier à une main d’œuvre.
Par exemple j’ai donné 200 milles pour le décapage, combien je vais tirer après le travail seul dieu sait. Au lieu de m’asseoir et laisser l’argent dormir je préfère le mettre dans quelque chose.
Si l’état nous demande de payer par an et par chef d’équipe 200 milles, vous voyez ce que ça peut donner à l’état ! 
Il y a un suivi et ils n’ont jamais demandé une cotisation que orpailleur n’a pas payé.
Nous avons tous réalisé, si quelqu’un marche à pied à Kouaterna c’est maintenant il est venu.
Notre souci c’est d’investir dans le développement de notre village, il faut qu’on est la paix, comment dit-on ; la joie aussi de travailler »
Que l’état nous créé un comptoir et nous laisse travailler pour lui, qu’il oublie les blancs.
Koudous acheteur d’or : « Nous avançons l’argent avant que le travail ne soit fait si non on a aucune chance d’être livré et pendant qu’il travaille c’est toi qui lui donne tout ce dont il a besoin.
Nous achetons le brut 1 gramme 4500 francs CFA  et à la vente il faut prier pour que le dollar soit en hausse  et ton or soit de qualité si non tu perds.

Roger Koura ingénieur des mines : « Le ministère de la recherche pétrolière et minière a été crée en fin 2008 et depuis lors, nous avons senti une volonté de l’état d’intensifier les recherches pour que ce pays puisse s’avoir exactement sur quoi il peut compter en matière de ressources minières.
Le code minier du Bénin a été revu en 2006 cela a permis de corriger les insuffisances de l’ancien code et il y a le cadre de l’UEMOA et celui de la CEDEAO dont il faut tenir compte.
Actuellement nous tendons vers un code minier uniformisé. »
En attendant de tomber sur un gros gisement, luttons pour supprimer les intermédiaires de circuits juteux et exploitons efficacement le peu de gisement dont nous disposons actuellement pour le bonheur de tout le peuple béninois.


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