Quand le parlement est dans la rue !

Quand le parlement est dans la rue !


Le changement, avant qu’il ne devienne le credo de l’ère Boni Yayi, a commencé à s’opérer dans les esprits et à se traduire par la lente émergence d’une opinion publique qui a encore et toujours plus soif, encore et toujours plus faim d’informations. Et nous le savons. Ne dit- on pas qu’un homme ou une femme informé(e) en vaut toujours deux ?
Ils sont loin d’être innocents ces attroupements d’hommes et de femmes au coin des rues, ces fora informels devant des kiosques à journaux improvisés, ces facultés de circonstance de science politique guettant fiévreuses l’heure de la rue de revue de presse de Dah Wawé de Cap FM ou de Dah Béhanzin de radio planète ; sans oublier ces heures de thérapie publique collective, plus connue sous le nom de « groupe » sur nos différentes chaînes de radios avec Thomas Hèmadjè ou avec Rosimo.
Les propos qui s’y tiennent les réflexions qui s’y développent, les colères qui s’y éclatent, voire les paris qui s’y font sont autant de signes patents qui ne trompent pas. Ils traduisent et signifient tout à la fois qu’un processus irréversible de maturation des esprits est en route et qu’une étincelle têtue rougeoie désormais sous les consciences apparemment endormies.

Une révolution tranquille, sans crier gare, poursuit ainsi son petit bonhomme de chemin et ils sont peu nombreux les observateurs qui ont prêté attention ou qui ont porté intérêt à un phénomène dont l’impact et les conséquences ne sont pas moindre sur le présent et le futur de notre société.
Tout se passe comme si nos compatriotes se libéraient d’un devoir citoyen en désignant par leur vote un parlement formel et légal qui siège au palais des Gouvernement à Porto- Novo. Mais ce faisant, ils ne renoncent pas pour autant à leur droit de se constituer en un parlement informel et légitime siégeant en permanence dans la rue, en tout cas partout où besoin est ou sera sur toute l’étendu du territoire national.
Ce parlement informel du peuple, dans la profonde diversité de ses membres, s’est manifesté et s’est illustrée de fort belle manière à l’occasion de l’élection présidentielle de 2006. Il faut voir et comprendre à travers la sévère et cinglante sanction qu’il a infligée à la classe politique une manière d’opposer la légitimité permanente du pays réel à la légalité de circonstance de nos différentes institutions.
Voilà donc le tout premier changement qui a affecté aussi bien les êtres que les choses dans notre pays, le tout premier changement qui a touché aussi bien les consciences que l’environnement physique et matériel de notre pays.
Ce premier changement et sans jeu de mots est le changement premier, c’est-à-dire celui qui commande tous les autres, impulse tous les autres, sert de terreau fertile au développement de tous les autres. Il ne peut en être autrement puisqu’il a son siège dans l’esprit, point d’origine et lieu de départ de tout vrai changement.
Jamais on a vu l’agenda politique d’un président et d’un candidat président  nourrir l’information d’un Office fut-il étatique ou non.
Le récit de la coïncidence, lors de la campagne électorale, entre la communication du candidat Yayi BONI  d’une part et les informations publiées par l’ORTB et surtout la Télévision Nationale.
L’on se souvient encore de l’annonce du KO par la Télévision Nationale. Alors que les yeux et les oreilles étaient tournés vers la CENA, c’est la Télévision Nationale qui annonce le KO en lieu et place de la CENA.
Les pouvoirs on le sait, n’ont rien à gagner en imposant aux médias de se soumettre à leurs jeux d’influence.
En regardant de prêt les programmes de la Télévision Nationale pour ne pas dire de l’ORTB en général puisque les confrères de la radio essayent de prendre de la distance, disons qu’ils ne se laissent pas trop influencer par leurs responsables, ce qui est vraiment fragrant, c’est que la stratégie du candidat est à peine voilée, il profite de son pouvoir politique pour infiltrer la programmation de la Télévision Nationale.
les apparences ne sont même pas préservées, la culture démocratique est absente et la présence de l’opposition est beaucoup plus rare.
Une crise qui perdure, qui s’aggrave et qui pourrait nuire dangereusement à notre pays le Bénin et à sa démocratie déjà mise à mal par une atmosphère politique et sociale de plus en plus tendu.
Aujourd’hui, les populations du Bénin qui ont le choix entre plusieurs chaînes détournent leurs regards de la Télévision Nationale perçue comme la caisse de résonance d’un seul courant politique.
Le fameux slogan après nous, c’est nous et la désignation de l’unique Candidat des Forces Cauris pour un Bénin Emergeant (FCBE), tout est en marche pour un nouveau KO ; sauf que personne ne maîtrise ce que pouvait être la réaction la réaction du peuple.
En  nous intéressant aux élections présidentielles de mars 2006, une belle histoire d’une alternance réussie qui est à l’honneur de tout le peuple béninois et au KO de 2011, qui est vu comme un holdup électoral par une franche de la population, un holdup qui peut s’en fallait aurait projeté le pays dans une situation sans lendemain ; nous pouvons dire sans nous tromper, que les béninois qui en 1991 ont désigné comme leur président Nicéphore Dieudonné SOGLO ou ceux qui ont ramené en 1996 Mathieu KEREKOU au pouvoir ne sont plus les mêmes, mentalement parlant, que ceux qui ont ouvert à Boni Yayi les allées de la Marina.



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