Evolution dans la
construction de l’image de Patrice TALON
‘’Brice Edmond
TCHIBOZO’’
Cette contribution vise à retracer l’évolution de l’image de
Patrice TALON et les raisons qui l’expliquent. La période étudiée (2011- 2016)
correspondant à celle de la réélection de Yayi Boni pour un second et dernier
mandat, à la victimisation de l’acteur responsable de l’arrivée au pouvoir de
Boni Yayi et de sa réélection. En nous fondant sur les messages et les actes
posés par Yayi Boni ainsi que la perception que les béninois ont de Patrice
TALON et sur le rôle joué par le président Boni Yayi et amplifié par les médias
(marchandisation de la communication politique oblige).
« Avec mon
départ, notre démocratie fait un pas de plus… Alors mes chers compatriotes, je
vous laisse la république, je vous laisse le Bénin, je vous laisse le Bénin ses
institutions. Vous m’avez entendu à
mainte reprise, je vous laisse l’unité nationale. J’ai fait ce que j’ai pu,
je rends grâce à Dieu. Avec vous et mon amour est grand pour vous tous, que
Dieu vous bénisse chers compatriotes… Je fais allusion à la CENA, leur responsabilité
est lourde, pas de complicité, pas de complicité avec des candidats
indélicats, habitués à un manque d’étique et de morale qui font circuler des
bulletins pré- estampés, qui manipulent nos concitoyens…. »
Voilà en quels termes s’exprimait le président Yayi Boni le
dimanche 06 mars 2016 juste après son vote.
Serge Albouy mentionne cette façon de faire comme :
« les prises de position de l’homme
politique, sa gestuelle, son physique, son look, son entourage ou sa façon de
vivre. Tout cela, ajouté aux perceptions dominantes des citoyens, aux oui- dire
et aux informations diffusées par les médias, est condensé sous la forme de
représentations mentales ».
Patrick Charaudeau résume bien cette position de Serge
Albouy à travers la notion d’éthos qu’il définit comme : « une image de l’acteur politique fondé sur
l’acte de langage de ce dernier, sur des données préexistantes au discours- ce
qu’il sait à priori du locuteur- et celui du politique sur la façon dont il
pense que le citoyen le perçoit »
C’est sous l’angle de ces définitions que s’inscrit notre
analyse de l’image de l’homme d’affaires Patrice TALON.
J’ai eu le bonheur de mesurer l’audience de ma démarche par
les nombreux sympathisants, le grand nombre d’admirateurs, le soutien
enthousiaste des nombreux électeurs qui se sont exprimés de par leurs votes
pour les candidats de la rupture, plébiscitant ainsi monsieur TALON deuxième,
juste après le candidat de la coalition au pouvoir c’est-à-dire de Yayi.
Monsieur TALON ne dispose pas d’une structure partisane
rompue aux intrigues politiciennes mais il a une armée de concitoyens de toutes
origines et de toutes conditions qui ont adhéré à son projet de faire avancer
le Bénin avec assurance et méthode dans la voie d’un véritable renouveau
démocratique, de la modernité et de la prospérité, un Bénin uni du nord au sud
et de l’Est à Ouest, un Bénin qui fédère ses filles te ses fils et qui leurs
donne la même chance, un Bénin où pour nommer, pour promouvoir on cherche d’abord
l’obédience politique, la dialecte ou la
religieuse du citoyen.
Après s’être rendu compte du mauvais casting qu’il a opéré
en luttant pour l’avènement de Yayi à la tête du Bénin, il était devenu pour
l’homme un sacerdoce avec ce que cela suppose comme engagement, loyalisme,
abnégation et surtout dans le prolongement de cette expérience de servir son
pays le Bénin, il a éprouvé le désir de servir à la tête du Bénin son pays.
Mais il lui aurait fallu cette foi en ses capacités à
assumer cette fonction suprême que son ami d’hier se déchaîne.
Je comprends la peine de Yayi boni, je mesure sa déception
et je partage son amertume mais il doit savoir que tout pouvoir vient de Dieu.
Le contexte de crise sociale aiguë était propice à
l’émergence de TALON et à cela il faut ajouter les publicités gratuites de
^part les nombreux attaques que lui faisait le président Yayi.
Tellement le non Patrice TALON est prononcé que désormais
tout le monde veut mette une image sous ce nom et c’est ce qui justifie le bain
de foule que l’on observe à chaque descente de TALON sur le terrain.
Le peuple béninois s’adosse à un imaginaire de la tradition
selon lequel l’incriminé, c’est celui qui est meilleur, celui qui valablement
peut succéder à la personne qui l’incrimine. Yayi est mieux placé pour comprendre
les effets puisque c’est cet imaginaire de la tradition qui lui a permis entre
autres d’accéder au pouvoir en 2006.
En bon stratège, TALON a su éviter les répliques, en ne
battant pas campagne sur les injures mais sur son projet de société.
Il met ainsi en avant une thématique positive, qui peut
susciter le désir parce que répondant aux besoins et aux aspirations des
populations. Patrice TALON a su impacter la mémoire sociale du peuple béninois.
L’amour et la sagesse comme
ressources de présidentialiste
Sur l’une des affiches ayant servi pour la campagne du
candidat TALON au premier tour de l’élection présidentielle de 2016, on voit le
candidat posé avec une vieille.
La représentation du
candidat évoque, une double subjectivité qui modifie ou transforme le réel.
Lorsque nous nous intéressons au code iconique, on voit
Patrice TALON pris en plan rapproché, tenant dans les bras une veille dame
qu’il fixe dans les yeux.
Par sa posture, il propose au lecteur- spectateur l’image
d’un homme soucieux de son prochain. Le lecteur- spectateur le prendrait
volontiers pour un bon samaritain.
Le sourire de la vieille prouve la joie qui l’anime en cet
instant. Comme quoi, la pierre rejetée est devenu la véritable pierre
angulaire.
Les injures et autres comportements de YAyi pour détruire
TALON sont comme des actes héroïques. Talon apparait comme le
« guerrier », le « héros combattant qui s’est fait tout seul, au
prix d’immenses efforts individuels, dans un environnement totalement hostile.
Le candidat lors d’un meeting disait : « Monsieur
Yayi m’a tellement fait la publicité que je n’ai même plus besoin de dépenser
mon argent pour faire campagne ».
Le président Yayi lui-même n’a-t-il pas dit que : « De tout ce qu’il a transféré dehors, aujourd’hui,
nous en sommes privé, vous en êtes privé. Si 1%, il le transférait ici mes
chers jeunes, je vous jure, on aurait régler tous vos problèmes. 1%... ».
A partir de cet instant, Patrice TALON charriait sur son
passage le rêve, la certitude et la croyance en des lendemains heureux. A la
sortie des urnes, au premier tour de la présidentielle de 2016, Patrice TALON
est perçu par l’écrasante majorité des béninois confrontés à la crise, à la
haine tribale et autres, comme le messie ou le sauveur capable de les sortir de
l’ornière. D’où l’immense attente qu’ils ont placés en lui.
Le positionnement de TALON à l’issue du 1er tout
de la présidentielle de 2016 est comme pour faire face aux arguments brandis
par ses adversaires, il a répondu : Laissez- les me traiter de candidats
indélicats ! Mes adversaires ne savent même pas dans quelle société ils
vivent. Ils ignorent que quand le « BABARIBA » arrive, tous les
enfants accourent et il leur distribue des bonbons.
TALON vient de donner une raclée à ses adversaires
politiques. Ni le scandale de l’affaire dite d’empoisonnement, ni les injures
et les attaques de Yayi n’ont pu nuire à l’image de l’homme de la rupture.
Alors que s’annonce le second tour, voilà que nous assistons
à des effets dévastateurs des adversaires de Patrice Talon repris par certains
sites et réseaux sociaux, dans le cadre de la bataille d’opinion qui oppose cet
ancien mentor du président Yayi aux « faucons » de celui-ci.
Attention à la relation de cause à effet. En marketing
politique, cette image de TALON telle qu’elle est présentée par Yayi renvoie à
la victimisation, une ressource stratégique qui ne fait que bénéficier à
l’adversaire ; le cas Candide AZANAI est là, tangible.
L’offre de campagne électorale de
Patrice TALON
Le programme électoral du candidat Patrice TALON c’est
surtout la stratégie de porte à porte, TALON se faisant, se définit comme un
président –citoyen proche des préoccupations du peuple.
Pendant que les autres candidats recevaient des soutiens
par- ci, des soutiens par- là, pendant qu’ils reposaient toutes leurs campagnes
sur la tentative de contrôle les médias, une stratégie d’agenda visible à
travers la couverture médiatique de la présidentielle, le « renard »
TALON a privilégié le prote à porte et ça lui a marché.
La rupture: Un axe stratégique
Toute élection est une bataille pour et sur un enjeu
stratégique. Dans le cadre du Bénin, cette bataille entre le camp du président
Yayi et les autres concurrents, a porté sur la «Rupture ».
En 2006, année de la première participation du candidat Yayi
à une élection présidentielle, tout le combat se résumait à ce slogan :
‘’ça peut changer, ça va changer, ça doit changer’’. Après 5 ans de gestion du
pouvoir, il sollicite à nouveau le suffrage universel des Béninois pour un second
mandat. Nous sommes en 2011, il s’inscrit donc dans la continuité avec le
slogan, ‘’Allons plus loin, toujours plus loin’’.
A la fin de son deuxième et dernier mandat, Yayi Boni
désigne un successeur en la personne du candidat Lionel ZINSOU et s’engage
lui-même dans le combat afin de maintenir les acquis.
C’est alors le changement dans la continuité. Dans
l’optique de Yayi, le changement qu’il prône est différent de celui de ses
adversaires.
Pour Yayi, le changement dont il parle ne signifie pas le
chaos. Il ne veut ni l’aventure, ni la renonciation.
Pour les candidats de la rupture, le changement dont il
est question c’est celui de la rupture avec le système de gouvernance de Yayi et pour réussir, les
forces de la rupture ont opté pour une alliance, condition sine qua non pour
finir avec le camp adverse.
L’ampleur du régime Yayi est telle que pour avoir raison
de lui il faut pour le premier tour aller en rang dispersé et converger vers le
pacte de l’alliance au second tour.
Oui, c’est ensemble que les forces de la rupture peuvent
prendre le dessus.
Patrice
TALON : la construction d’un éthos de présomption
C’est au niveau du
code linguistique de l’affiche, «ENSEMBLE POUR LE NOUVEAU DEPART »
que l’on retrouve, en plus du compétiteur né qu’est monsieur Patrice TALON, un
autre axe du candidat. Même si à travers ce slogan, les conseillers en communication
de Patrice TALON n’ont pas fait preuve d’imagination et d’originalité, ils ont
su éviter à leur candidat l’erreur commise par le camp de la continuité, dirigé
par le président Yayi, qui adopte un positionnement de challenger en battant
campagne sur des injures et sur le thème ‘’la rupture dans la continuité’’. Or
pour un président sortant, ayant un dauphin, le meilleur positionnement est
d’axer sa campagne sur les aspects positifs de son bilan.
Le slogan d’une
affiche politique a une fonction de détermination. Il sert à définir le
candidat, à montrer en quoi il se distingue de ses concurrents. Le cas
illustrateur est celui du candidat Koupaki candidat au premier tour de cette
même présidentielle de 2016. A travers la plus part de ses slogans,
« PIK » comme aiment l’appeler ses amis, se drape du manteau du
bâtisseur parce que la plus part de ses thématiques évoquent la construction et
la modernisation, des messages qui peuvent susciter le désir parce que pouvant
répondre aux besoins et aspirations de l’électorat béninois même s’il est sorti
5ème pour une première sortie, c’est un cou de maître.
Conclusion
Même s’il est passé
du statut d’Assassin à celui du Héros, il y a chez Patrice TALON le
souci de veiller à la cohésion nationale, au bonheur partagé et surtout de casser
ce mythe de béninois à part entière d’un côté et du béninois entièrement à part
de l’autre.
Ce qui est la
manifestation du génie politique de cet homme, un vrai « Rassembleur »
Pendant que le
président Yayi l’arrosait d’injures, Patrice TALON était en contact avec son
peuple, pendant que le président YAyi se faisait passer pour le bon « Père »
en invitant les béninois à ne jamais voter pour les « Bandit »,
Patrice se distinguait surtout par son image de « Leader compréhensif »
vis-à-vis de ses concitoyens.
Pendant la campagne
pour le second tour de la présidentielle, au moment où la présidence est transformée en guichet de distribution d’argent
et que le président Yayi faisait offrir aux béninois l’image d’un homme proche
de leurs préoccupations, Patrice TALON et les siens multipliaient les visites
de proximité.
En outre, en
décidant d’aller en campagne alors qu’il n’est pas candidat, L’arrogance du
président Yayi a choisit consciemment ou inconsciemment de constituer une ombre
à son successeur désigné Lionel ZINSOU.
C’est pourquoi il
serait difficile pour le camp Yayi de conquérir le cœur des béninois et donc
de reconquérir le pouvoir.
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