Interview




Walter Mael Fèmi TCHIBOZO
Jeune journaliste stagiaire, Club RFI, Institut Français Cotonou






Comment êtes-vous venu au documentaire ?

Brice E. TCHIBOZO — Je suis un autodidacte et j’ai des années d’expériences d’abord en tant que cameraman ensuite en tant qu’acteur de cinéma, qu’il vous souvienne des séries BAOBAB et Taxi-brousses. J’ai commencé à réaliser de petits sujets sur ces deux magazines puis je me suis imposé comme pratiquement le titulaire des documentaires qui accompagnaient les fictions. Je n’étais vraiment pas conscient des différences entre documentaire et fiction. Je me fiais plus à mon instinct. J‘aime le travaille en équipe et surtout lorsqu’il s’agit des gros plateaux, entouré de trop de gens, avec trop peu de temps et d’espace, je me proposais à volonté pour créer…

Dès mon premier film, j’ai tout de suite ressenti avec les difficultés, qu’il ne faut surtout pas se fier aux autres membres de l’équipe de production, et au fur et à mesure que je filmais, je ne m’étais rendu compte que je ne m’étais pas trompé. C’est un peu devenu ma règle de vie. Quand je commence un film, je ne sais pas où il va m’emmener, je laisse le temps faire son œuvre, et je me laisse guider par mes rencontres.
D’autant que le plus important a toujours été pour moi de savoir où se situe la frontière entre le vrai et le faux, qui est la question principale dans tous les arts.

En documentaire, je cherche à faire vivre la réalité à mes cinéphiles. J’aime les faire voyager à travers mes œuvres, à créer le suspens qui puisse laisser une grande place à l’interprétation mais surtout à l’émotion.
La maitrise du langage filmique me sert à renforcer la réalité, tout en évitant de virer dans la fiction.

A travers mes documentaires, je pénètre l’espace, puis je montre l’effet que cet espace a sur les gens que je filme, car cette vérité que je recherche se trouve dans l’interaction entre les personnages et leur environnement.

Comment réussissez-vous à créer cette intimité avec votre matériel ?
Est-ce le fruit d’un long travail en amont, ou quelque chose de plusinstinctif, qui advient lors du tournage ?

Pour vous répondre, je vais vous faire un aveu : j’adore … C’est une passion, car dès que je pose ma caméra, tout change. Quoiqu’il arrive, je change, et les gens que je filme aussi.
Donc ce qui compte le plus, c’est ce qui se passe. Avant de filmer. Je dois connaître parfaitement ces gens ; ce qui ils sont ; ce qu’ils font chaque jour ; quel est leur parcours ;
leur histoire… De même je dois connaître ma caméra , sa capacité son point fort sa faiblesse, bref je dois connaître ce qu’elle a « dans le ventre » pour que, lorsque je la déclenche , je puisse anticiper sur ce qui peut arriver. Ceci dit, très souvent, il se passe autre chose, et c’est encore mieux. Des difficultés techniques surgissent et c’est édifiant. Au cours de l’un de mes tournages en Guinée Bissao, mon viseur refuse de fonctionner à lors que j’étais loin de la ville, dans les îles bijagos,
J’ai pu filmer en observant « l’horizontabilité » et je peux vous dire que les images ramenées sont parmi les plus belles images de ma vie professionnelle.
Cette difficulté et le résultat obtenu ont modifié ma relation avec mon matériel de travail. J’ai toujours eu en tête que, mon matériel de travail est ma première femme.
C’est une leçon de ma vie professionnelle.

Pensez-vous un jour sauter le pas de la fiction ?

J’ai toujours été dans la fiction et j’ai écris plusieurs scénarii avec un début de mise en image de mon scénario « le Beau- blanc ». C’est un monde que je trouve passionnant avec des étapes passionnantes les unes que les autres, je veux parler de l’écriture, du découpage etc.

Quelle est la situation du documentaire aujourd’hui en Bénin ?

Elle est très bonne. Il y a presque un mouvement à part entière qui est en train de se créer, avec d’excellents jeunes réalisateurs qui font ce choix.

J’ai l’impression qu’au Bénin, nous sommes de plus en plus nombreux à partager ce choix du documentaire, celui qui me guide. A la « nouvelle génération », je ne cherche pas à faire école, je ne suis pas non plus fermé, je suis très ouvert et ceux qui veulent partager mes expériences, mes portes sont toujours ouvertes car notre métier est un métier de partage, du donné et du recevoir. Dans ce métier, et c’est ce que je crois, nous nous inspirons les uns les autres.

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